SWANN THOMMEN

ACTIVE LANDSCAPE

Média installation pour le projet www.collective-view.ch du curateur Damian Jurt

Technique : Maquette, caméra, détecteur de mouvement , ventilateur, connexion internet

Année de réalisation : 2012

En 1923, à la fin de la production du film épique de Cecil B. DeMille, Les Dix Commandements, les décors du film ont été démolis et enterrés, pour des raisons financières, sur le lieu de tournage en Californie. Les vestiges du décor, qui représentait à l’origine des statues égyptiennes de pharaons, de sphinx et de portes, ont été progressivement découverts par le vent. En 1982, Peter Brosnan, alors diplômé en cinéma et âgé de 30 ans, en a entendu parler et a décidé de lancer un projet visant à déterrer le plateau de tournage enfoui. L’ancien lieu de tournage est ainsi devenu un site archéologique.

Le déplacement temporel et spatial du site égyptien, en tant que reproduction d’un film hollywoodien devenu à son tour un nouveau site archéologique, est à l’origine de l’intervention de Swann Thommen (CH, *1979) dans le cadre du projet www.collective-view.ch. Il a construit un modèle fidèle de l’emplacement original des fouilles, qui sert de mise en scène pour la webcam. Il crée ainsi une reproduction d’une réalité existante – les décombres enfouis – pour Internet. L’image numérique en temps réel du modèle remplace en ce sens sa source et devient sa propre réalité. Nous nous trouvons entre plusieurs niveaux de reproduction : entre une version de l’histoire égyptienne, sa reproduction en tant que décor de film, qui devient un site de fouilles, le film lui-même, la reproduction en tant que modèle pour www.collective-view.ch, et, enfin, notre propre perception de l’image en temps réel sur le site web.

Le soutien financier nécessaire pour mener à bien les fouilles archéologiques en Californie n’a pas encore été trouvé. Et la Cité perdue, qui est le nom donné au décor enfoui, n’a pas encore été découverte. La réponse de l’artiste est de donner au spectateur le rôle d’un chercheur dans cette archéologie mise en scène. Lorsque le spectateur commence à naviguer sur la webcam, un vent se lève et retire progressivement le sable qui recouvre la maquette du plateau de tournage. Le résultat est un paysage en constante évolution. Ce qui n’est qu’un projet dans le monde réel est déjà réalisé ici.

Le résultat de l’examen par Swann Thommen de la question de savoir comment l’image conçue (en temps réel) affecte notre vision de cette réalité culmine dans la réalisation d’Active Landscape et donne ainsi au spectateur la possibilité de pratiquer la différence entre ce qui est réel et ce qui est imaginé, et entre ce qui est vrai et ce qui est mis en scène.